LE FESTIVAL DE CONFOLENS
"Festival de Confolens 1966", Chabrely, 1966.
Événement célèbre dans la région, plus particulièrement en Charente, le festival de Confolens a donné lieu à un corpus d'archives audiovisuelles que la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine détient. Cet ensemble est le fruit d'amateurs, soucieux de laisser une trace de cette fête folklorique.
CONFOLENS, VILLE DE LA CHARENTE LIMOUSINE
"Confolens, carrefour des peuples", Glibert Julien, 1968-1973.
Confolens est l'une des villes de la Charente limousine. Il s'agit d'un vaste territoire situé au nord-est du département de la Charente, riche d'un relief géologique inédit. Les paysages oscillent entre la vallée de la Vienne qui forme les premiers contreforts granitiques du Massif-Central et les terrains calcaires du Bassin aquitain ponctués de cuvettes argileuses, arrosés par la Charente. À l'image de la région, Confolens détient un héritage historique multiple. Occupée dès l'Antiquité par les peuples gaulois, puis par les Romains, la ville est confrontée à des troubles dès le Moyen Âge jusqu'à l'époque moderne, où les comtés de Poitiers, de la Marche et de Limoges se disputent le territoire de Confolens. La Révolution Française donne à Confolens une plus grande notoriété dans le paysage politique de la Charente ; la ville devient sous-préfecture. Les attaches historiques de Confolens se retrouvent alors inscrites, matériellement, dans ses fondations. Nous pouvons appréhender cet héritage confolentais grâce aux ponts médiévaux que les réalisateurs-amateurs intègrent dans leurs films.
«Confolens, carrefour des peuples», réalisé par Gilbert Julien, est un document d'archives qui souligne le patrimoine architectural et la richesse géologique du territoire décoré à l'occasion du festival. C'est le Pont-Vieux qui est présent au sein des images du document. Construit à partir des fondations antiques, l'édifice, datant du XIème siècle, témoigne de l'abondance géologique de la région. Il est conçu à partir de grison, une pierre granitique, et de calcaire. Lors des festivités, le pont est sollicité pour les défilés des troupes folkloriques. Ainsi, les spectateurs massés à l'intérieur des becs du pont médiéval, sont sensibilisés, indirectement, aux ouvrages du passé grâce au festival international de folklore de la cité de la Charente limousine.
LE FESTIVAL INTERNATIONAL DE FOLKLORE
Tous les ans, Confolens est rythmée par un événement singulier : le festival international de folklore. Ainsi, durant six jours, la ville est le théâtre d'un spectacle musical. Créée à l'initiative de l'association locale, «Festival de Confolens, arts et traditions populaires du monde», la première manifestation du festival folklorique, nommée « Festival des Pays d'Ouest » a lieu en 1958, avec à sa tête Henri Coursaget. Cette fête est le fruit d'une coopération entre les membres de l'association et les nombreux bénévoles. Ensemble, ils œuvrent pour la paix, la fraternité entre les peuples et la tolérance universelle.
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Henri Coursaget
Henri Coursaget est l'une des personnalités les plus célèbres de Poitou-Charentes. Résistant durant sa jeunesse et profondément marqué par les atrocités du conflit mondial, Henri Coursaget décide de promouvoir la paix en développant des relations internationales grâce à la musique et la danse. Ainsi, depuis 1958 et pendant une cinquantaine d'années, il est le président du festival de Confolens. Afin de pérenniser son engagement dans la cutlure folklorique, il participe à la création du CIOFF (Conseil International des Organisations des Festivals de Folklore et d'arts traditionnels), en 1970. Cette organisation, liée à l'UNESCO, oeuvre pour la promotion de la diversité culturelle, contribuant à la reconnaissance des arts du monde. Il s'agit de célébrer la fraternité et, au final, de veiller à la paix.
Une place de la ville tire son nom de ce personnage. Durant le festival, la place Henri Coursaget-Place du Monde est au coeur des festivités et rapelle aux organisateurs aisni qu'aux visiteurs le projet humaniste de Coursaget.
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"Festivals de Confolens, 1974 et 1976, Gilbert Julien, 1974 et 1976.
D'abord européen, les organisateurs visent, dès les années 1960, l'internationalité du dispositif. Ainsi, dès 1959, la ville accueille des artistes d'Ecosse, de Pologne et de Suède. Les années 1970 et 1980 sont quant à elles marquées par une ouverture plus large destinée à des troupes d'artistes et de danseurs originaires d'Afrique, des Amériques, d'Asie, et de l'Océanie. Vêtus des costumes traditionnels, les artistes proposent ainsi des spectacles musicaux et dansants, des rencontres et également des ateliers, oscillants entre tradition et modernité. Plusieurs nations sont donc représentées et transmettent auprès de nombreux visiteurs, des émotions nouvelles. Après plus de soixante ans d'existence, le festival de Confolens, qui se déroule sur plusieurs jours, rassemble autour du folklore plus de 712 ensembles venus de 135 pays différents. Un nombre significatif d'archives audiovisuelles sont présentes dans les fonds de la Cinémathèque à Limoges. Madeleine Beaussage, réalisatrice haut-viennoise, propose d'aborder les défilés et les représentations des troupes étrangères, venues à l'occasion du festival de Confolens. Entre 1973 et 1976, elle témoigne des diverses cultures du monde avec sa caméra. Les différents plans mettent en valeur l'effervescence musicale et dansante du festival animé par des rythmes mondiaux.
De gauche à droite : "Confolens 1973", Madeleine Beaussage, 1973 - "Confolens 1974", Madeleine Beaussage, 1974 - "Confolens 1976 - Hongrie", Madeleine Beaussage, 1973 - "Folklore à Confolens", Madeleine Beaussage, 1979.
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Madeleine Beaussage, réalisatrice
Madelien Beaussage est une réalisatrice originaire de la Haute-Vienne. Grâce au métier qu'elle exerce, elle s'attache à filmer le quotidien de personnages qui sont liés aux traditions paysannes et artisanales, sujets qui demeurent l'un des thèmes pricnipaux de ses films. L'agriculteur, la paysanne, le sabotier deviennt des acteurs, malgré eux, dans des mises en scènes de vie ordinaires qu'elle saisit grâce à la caméra. Entre les années 1970 et 1990, elle a filmé le nord de la Haute-Vienne et les départements limitrophes, particulièrement la Charente. La caméra Super8 lui permet d'apprécier la ruralité grâce aux métiers et aux situations d'antan. Le travaul de Madeleine Beaussage participe alors à la sauvegarde et à la transmission d'un passé rural qui tend, inopinément, à être oublié. Ses témoignages animés sont des sources riches qui permettent d'pappréhender le patrimoine local. La réalisatrice raconte ces passions dans une interview "Mémoires Argentiques - Madeleine Beaussage", élaborée par la CdNA.
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Lors de ces représentations, Confolens devient une ville chargée de symboliques. Elles sont directement rattachées aux valeurs des personnes qui fondent cet événement : le partage, la cohésion fraternelle et la tolérance. Afin d'ancrer cette philosophie dans les mentalités locales et internationales, le comité du festival n'est pas la seule organisation à vanter ces valeurs ; des échanges culturels sont organisés pour les pérenniser. Il s'agit de permettre à des jeunes confolentais de séjourner dans un pays étranger pour y découvrir les distractions, les travaux et les activités du pays. À leur retour, ils sont accompagnés des jeunes natifs du pays visité qui découvrent la région charentaise. Les échanges culturels sont lancés, dès 1964, entre la France et Israël.
Les festivités de Confolens tendent à prôner la fraternité entre les peuples grâce à l'expression culturelle. Il s'agit pour les festivaliers, de se retrouver, ensemble et unis, autour d'un événement folklorique où chacun a l'opportunité d'exprimer la richesse des folklores traditionnels de son pays à travers des performances artistiques. L'engouement est tel, que le festival international de folklore de Confolens est devenu l'un des plus populaires de France.
LO GERBO BAUDO
Depuis 1960, l’ensemble de danses et musiques traditionnelles de Charente limousine est une référence dans le maintien de la mémoire du folklore. Grâce à ses recherches, le groupe est parvenu à reconstituer huit costumes différents, de fête et de travail, allant de la fin du XVIIIème siècle jusqu’à la Première Guerre Mondiale. Les participants font revivre, notamment pendant le festival charentais, le folklore de la région à travers les diverses danses qui s’intègrent dans des tableaux retraçant la vie d’antan : les battages, la lessive, la foire, ou évoquant des légendes locales comme la Mandragore. Le répertoire s’est également enrichi : du folklore authentique on est passé, au fil des décennies, au folklore élaboré. À ce jour, la troupe a représenté la France dans les plus grands festivals d’Europe, d’Afrique, d’Asie et vient d’ajouter à son palmarès les États-Unis, ce qui porte à vingt-cinq le nombre de pays où elle s’est produite. Un document d'archives met en scène la prestation de ce groupe folklorique à Confolens. Grimés, des jeunes enfants proposent aux spectateurs dont fait partie l'amatrice- réalisatrice une danse folklorique. Ce groupe juvénile célèbre alors l'héritage charentais par le biais des costumes et des danses.
"Confolens 1976 - Lo gerbo baudo", Madeleine Beaussage, 1976.
TÉMOIGNAGES DU FESTIVAL
Grâce aux missions de collecte, de numérisation, de conservation et de valorisation, la CdNA possède se nombreuses archives filmiques sur le festival de Confolens. Ces documents mettent en avant le déroulement des manifestations mais révèlent surtout l'attachement des populations néo- aquitaines, et bien d'autres, grâce à l’initiative des filmeurs. En fixant ces moments sur la pellicule, ces personnes participent à capter l'essence du festival. Loin d'être exhaustif, le rassemblement des archives audiovisuelles détenues par la Cinémathèque semble intéressant pour créer et aborder une certaine cohérence.
LE "PUITS AUX IMAGES" A CONFOLENS
"Le Puits aux Images", Gilbert Julien, 1978.
Soucieuse de sensibiliser les Arts auprès de tous, la ville de Charente les met en valeur dans ses rues. Le festival international de folklore n'est pas l'unique événement qui promeut la culture artistique. D'autres manifestations s'apparentent au festival charentais par leurs prestations folkloriques, notamment la troupe « Le Puits aux Images » qui s'est produite à Confolens en 1978. Fondée en 1973, « Le Puits aux Images » est une troupe de théâtre de rue et de foires. Elle propose de nombreux spectacles dans le cadre de manifestations et de festivals divers. Son but est de sensibiliser les publics, particulièrement le plus jeune, aux activités saltimbanques lors d'ateliers et autres parades. De nos jours, cette troupe itinérante est connue sous le nom du « Cirque Baroque ». Gilbert Julien, un réalisateur amateur, est à l'origine d'un témoignage sur la prestation de cette troupe. Pressée autour des acrobates, des jongleurs et des artistes, la foule observe les spectacles.
BIBLIOGRAPHIE
-COURSAGET Henri, Confolens, la magie du folklore, Le Croît Vif, 2010.
-LAURENT Michèle, Rullier Pierre, La Charente limousine, La Crèche, La Geste, 2018.
-LECLERC Raymond, Danse, Confolens, danse !, Limoges, Souny, 1985.
-Lo Gerbo baudo, Lo Gerbo baudo : 30 ans déjà !, Montmoreau, Archives du présent, 1990.
-MOREAU Françoise, « Sur les confins du Limousin et des Charentes », Annales de Géographie, tome 29, n°159, 1920, pages 182-198.
-QUÉRIAUD jean-Louis, Lo Gerbi baudo : ambassadrice de la Charente limousine, Tours, Transmettre, 2015.
-Site internet de la Charente-Limousine : www.charente-limousine.fr/index.php/fr/tourisme/140- confolens-cite-medievale#prettyPhoto
-Site internet de Lo Gerbo Baudo : www.logerbobaudo.com
-Site internet du Festival de Confolens : www.festivaldeconfolens.com
-Site internet du Cirque Baroque : http://www.cirque-baroque.com/_site/
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