Réal. : Louis Gasnier. Scén. : André Heuzé. Titre alternatif : Cocotte a bien déjeuné
La course déchaînée qui emporte tous les étals du marché est un grand classique du genre burlesque. Ici, elle est proposée en version abrégée et animalière. La jument Cocotte, attendant que son maître fasse une livraison au dernier étage d'un immeuble, dévore un énorme sac d’avoine posé sur la devanture d'un magasin de semences. Ce repas imprévu donne à Cocotte un trop plein d'énergie qui se transforme bientôt en une galopade effrénée dans les rues de la ville, entraînant la dévastation que l'on imagine.
Malgré un scénario très simple et linéaire, ce film a une certaine verve et l'on comprend facilement les raisons de son succès à l'époque. Le public du début du XXe siècle (comme celui d'aujourd'hui, d'ailleurs) se demandait comment on pouvait faire exécuter à un cheval sans chevalier des actions aussi bien calées sur le tempo comique. Nous trouvons la réponse dans un article de 1910 du "Moving Picture Word" : sous la charrette était placé un cercueil bien molletonné, dans lequel le réalisateur Louis Gasnier se cachait pour conduire la jument grâce à une invisible bride en acier. L’article nous informe aussi que la recherche téméraire du bon effet cinématographique valut à Gasnier un accident, et pas des moindres. Suite à l'impact du cheval contre un échafaudage, les rênes se déchirèrent, la charrette se renversa et le réalisateur fut sérieusement blessé. Mais, c'est bien connu, "the show must go on" ; le journaliste conclut ainsi son article : "Le grand courage de Monsieur Gasnier est démontré par le fait que, à la sortie de l’hôpital, il est revenu au véhicule réparé et a terminé le film". Chapeau !
Le projet de numérisation a été réalisé en 2017 dans le cadre d’un partenariat entre le Museo Nazionale del Cinema de Turin, La Cinémathèque de Toulouse et la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine, à partir d’un fonds de copies 28 mm Pathé KOK conservées à Turin.
La réparation des copies et leur numérisation en 2K ont été réalisées à Limoges par la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine, le travail de stabilisation de l'image et la finalisation par La Cinémathèque de Toulouse.
Remerciements à Gaumont Pathé Archives pour l’aide apportée pour l'identification des films.