En 1860, on entreprend de reconstruire le clocher (une tour-campanile séparée de l’édifice) de la basilique Saint-Michel de Bordeaux, classée monument historique depuis 1846. Cette flèche, déstabilisée par un tremblement de terre en août 1759, s’était effondrée en 1768 à la suite d’un ouragan. Le sommet de la flèche, tronqué, offrait alors une plateforme sur laquelle on érigea, après la Révolution, un télégraphe de Chappe. La reconstruction de la flèche sur les plans d’Abadie fut entreprise à partir de 1860, en respectant le style gothique d’origine ; elle s’acheva en 1869. Avec ses 114 mètres, il en fit la flèche la plus haute du sud de la France, et la seconde de tout le pays. En 1861, la tour en cours de restauration est ainsi décrite par l'archéologue-peintre Charles Marionneau : A cette heure, la vieille tour est hérissée d'échafauds et de grues ; au milieu de matériaux amoncelés, travaillent activement de nombreux tailleurs de pierres ; aux divers étages, et jusqu'au sommet du clocher, de hardis ouvriers recimentent les assises et reconstruisent les parties ruinées de l'édifice. Encore quelques mois, et la tour Saint-Michel, complètement restaurée, embellira notre cité du monument le plus imposant et le plus élevé du midi de la France.
La photographie est prise au moment du démontage des échafaudages de la flèche qui a lieu durant la première quinzaine de novembre 1865.